Le projet de l'équipe G. Mollet
Qui est Melle Mollet ?
Docteur en physiologie du développement et différenciation fonctionnelle, Mademoiselle Mollet a acquis au cours de son cursus universitaire et scientifique, une expertise en biologie moléculaire et cellulaire. Elle a effectué sa thèse dans le laboratoire du Pr Antignac et son post-doctorat aux Etats-Unis.Puis, elle est revenue au laboratoire pour se consacrer à la compréhension des mécanismes impliqués dans le développement du syndrome néphrotique. Ses connaissances en biologie cellulaire seront largement utilisées dans ce projet puisque que l’essentiel des recherches porteront sur des modèles cellulaires. D’autre part, sa connaissance de la physiopathologie de la maladie sera très utile pour la caractérisation du modèle de souris. De plus, elle encadre des étudiants au sein du laboratoire et son expertise est très souvent sollicitée dans le cadre des autres projets du laboratoire.
Interview
La première interview de Melle Mollet
Bonjour, et merci de votre disponibilité pour éclairer le plus simplement possible le sujet que vous portez.
Quelle est la base des connaissances que vous utiliserez dans votre projet ?
Les patients porteurs de mutations dans les gènes NPHS1 ou NPHS2, codant pour la néphrine et la podocine, respectivement, développent un syndrome néphrotique cortico-résistant pour lequel il n’existe aucun traitement efficace à l’heure actuelle. Nous avons créée un modèle de souris dans lequel nous avons supprimé en partie l’expression de la podocine à l’âge adulte ce qui a pour conséquence l’apparition d’une protéinurie (présence de protéines dans les urines) puis le développement d’un syndrome néphrotique, nous permettant ainsi d’étudier le rôle de la podocine dans le développement de la maladie.
Par conséquent, quel objectif poursuivrez-vous ?
Le but de ce projet est d’identifier de nouvelles molécules thérapeutiques qui permettraient de réduire ou d’empêcher l’apparition de la protéinurie et le développement du syndrome néphrotique.
Quels sont les moyens que vous allez mettre en œuvre pour y arriver ?
Nous allons créer des cellules exprimant des mutations de la néphrine et de la podocine que nous utiliserons lors de criblage de chimiothèques (bibliothèques de petites molécules chimiques, éléments clés de la découverte de nouveaux médicaments). Nous allons également créer un nouveau modèle de souris génétiquement modifiées dans lequel nous exprimerons, à l’âge adulte, une des mutations de la podocine la plus fréquemment retrouvée chez les patients (p.R138Q).
Quel sera alors l’enjeu de votre étude ?
Les molécules chimiques identifiées lors des criblages sur les modèles cellulaires pourront être testées « in vivo » sur les souris que nous auront précédemment créées. Nous espérons ainsi identifier de nouvelles thérapies dans un domaine où aucun traitement efficace n’est actuellement disponible.
Le projet
Résumé du projet et photo de l’équipe de G. MOLLET
Vers l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques dans le syndrome néphrotique cortico-résistant (SNCR).
Le syndrome néphrotique idiopathique (SNI) est une des néphropathies les plus fréquentes de l’enfant. Elle est caractérisée par la survenue d’une protéinurie massive (fuite de protéines dans les urines) provoquant un syndrome néphrotique, et constamment des modifications de la forme des podocytes (cellules du glomérule rénal) en microscopie électronique . L’étude des formes familiales de syndrome néphrotique de type cortico-résistant (SNCR) et de modèles de souris a permis d’impliquer des gènes codant pour des protéines podocytaires cruciales au maintien d’un filtre glomérulaire sélectif. Parmi ces gènes, les gènes NPHS1 et NPHS2 codent la néphrine et la podocine, respectivement, deux protéines qui interagissent au niveau du filtre glomérulaire. De nombreuses mutations de ces deux protéines conduisent à un mauvais repliement de la protéine et aboutissent à un dysfonctionnement du transport intracellulaire. Ainsi, la podocine et la néphrine sont retenues dans le réticulum endoplasmique (RE) au lieu d’être exprimées à la membrane plasmique pour for
mer le diaphragme de fente entre les podocytes. Un exemple classique de maladie due à un transport défectueux est celui de la mucoviscidose, dont l’une des mutations la plus fréquente aboutit à la rétention de la protéine CFTR dans le RE puis à sa dégradation. Or, l’utilisation de traitements avec des molécules chimiques et/ou pharmacologiques qui stimulent le transport de la protéine CFTR mutée vers la membrane plasmique a conduit à des résultats intéressants, et ce type de molécules s’est également avéré efficace sur la néphrine et la podocine dans des modèles cellulaires expérimentaux. Le projet soutenu par l’Association des Malades atteints de Syndrome Néphrotique a pour but de fournir les premières étapes nécessaires à l’identification de nouvelles thérapies dans le SNCR. Nous allons, dans un premier temps, créer des modèles cellulaires exprimant différentes mutations de la néphrine et de la podocine, mutations entraînant la rétention des protéines dans le RE. Ces modèles cellulaires seront utilisées lors de criblages de chimiothèques (bibliothèques de petites molécules chimiques, éléments clés de la découverte de nouveaux médicaments) afin d’identifier des molécules capables de ré-adresser les protéines mutées à la membrane plasmique. En parallèle, nous caractériserons un modèle de souris qui exprime de façon inductible, c’est-à-dire à l’âge adulte, la mutation la plus fréquente de la podocine, pR138Q, afin d’étudier le développement du SN et d’utiliser ce modèle dans le futur pour tester « in vivo » l’efficacité des molécules candidates identifiées pour la podocine lors des criblages de chimiothèques. Nous identifierons également les complexes protéiques impliqués dans le transport défectueux des protéines mutées grâce à des techniques de protéomique et validerons « in vitro » les interactions identifiées par des techniques de biologie cellulaire. Ces interactions protéiques seront confirmées « in vivo » sur les glomérules isolés à partir des reins des souris inductibles précédemment caractérisées. En résumé, nous espérons ainsi mieux comprendre les mécanismes qui régissent le transport intracellulaire de la néphrine et de la podocine et identifier de nouvelles thérapies dans un domaine où aucun traitement efficace n’est actuellement disponible.
Sur la photo de gauche à droite : Fabien NEVO, Olivia BOYER, Géraldine MOLLET et Corinne ANTIGNAC